politique

XIIe Congrès d’AL : Un moment politique crucial




Alternative libertaire a tenu congrès fin mai, à quelques encablures du pont du Gard. Entre débats de fond et moments festifs, retour sur cette assemblée incontournable dans la vie d’une fédération autogestionnaire.

Le XIIe Congrès d’Alternative libertaire s’est tenu cette année à Castillon-du-Gard, du 23 au 25 mai. Quatre-vingts militants d’AL étaient présents, ainsi que des membres d’organisations sœurs d’Anarkismo (OSL suisse, FARJ brésilienne...),mais aussi d’organisations françaises (CGA, NPA, OCML-VP, Ensemble…). Cela a été l’occasion de faire le bilan des actions passées et de discuter stratégie pour les deux années à venir en regard du contexte national et international.

Le congrès est un moment important de la vie d’AL. Moment où se discute et se redéfinit la ligne politique et stratégique de l’organisation, il est aussi un moment privilégié où des membres de tous les groupes locaux peuvent se rencontrer, et à la marge des discussions sur les textes de congrès eux-mêmes, échanger expériences militantes, projets, désillusions – et force verres de rouge.

La structure fédérale de l’AL et la liberté d’action de chaque groupe local fait que les militants et militantes d’AL ne sont pas tous coulés dans le même moule. Et c’est bien à trouver un terrain d’entente et d’expression que sert le congrès.

Se colleter aux débats qui minent l’extrême gauche

Le congrès a débattu, outre les questions purement organisationnelles, de l’antiracisme, de l’antipatriarcat, de l’écologie, mais aussi du bilan et des perspectives de l’organisation à plus long terme.

En ce qui concerne l’antiracisme, le congrès s’est attaqué de front aux débats qui minent l’extrême gauche, notamment autour du terme islamophobie. A l’issue des débats, il est ressorti que tout d’abord l’antiracisme ne doit pas contribuer à essentialiser des groupes sur des bases communautaires, mais au contraire de fédérer prolétaires de différentes couleurs et origines en luttant contre le poison mortel qu’est le racisme.

Une attention particulière a été accordée au terme islamophobie, faux nez du racisme anti-arabe particulièrement prisé de l’extrême droite. Si ce terme décrit indéniablement une réalité structurant notre période, la lutte contre l’islamophobie ne correspond en rien à la défense d’une religion.

Le texte sur l’antipatriarcat a été l’occasion de débats de qualité sur le masculinisme, la GPA (l’organisation se positionnant contre), mais aussi sur les questions de prostitution (l’organisation réaffirmant sa position abolitionniste). AL a également adopté une procédure en cas d’accusation de violences sexuelles contre un de ses membres. C’est une chose qui peut arriver dans tout milieu (professionnel, sportif, associatif...) et le milieu révolutionnaire n’en est pas exempt [1].

Reconduction de la stratégie des fronts anticapitalistes

L’écologie n’était pas en reste avec un texte de fond liant l’écologie et les perspectives d’abolition du capitalisme et du salariat, mais aussi les enjeux au sein des mouvements écologiques. Celui-ci a été complété par un texte d’actualité sur la mobilisation contre la Cop 21 à Paris en novembre 2015.

Enfin, le congrès s’est consacré à un débat sur son orientation générale divisé en bilan de l’organisation et motion d’orientation générale. Les débats ont tourné autour de la question des fronts anticapitalistes, dont certains faisaient un bilan critique, sur le renouveau des problématiques hors du monde syndical (solidarités concrètes, luttes de précaires, lieux de solidarité). Au final, la stratégie des fronts anticapitalistes sous leur forme actuelle est reconduite.

Au final un congrès riche en débats sur des thématiques variées, ponctué de moments festifs mais aussi de moments humains comme la poignante intervention du camarade de la Fédération anarchiste de Rio de Janeiro.

Pierre (AL Alsace)
et Matthijs (AL Montpellier)

[1AL a déjà été confrontée au problème.
En janvier 2007, dans la même ville, un militant d’AL a été accusé d’agression sexuelle, et un autre de harcèlement machiste.
A l’époque, Alternative libertaire n’en était pas au stade actuel de sa réflexion antipatriarcale et ne disposait pas de procédure statutaire pour traiter une telle accusation. L’organisation a donc élaboré une méthode, validée collectivement.
Les deux militants ont été suspendus de l’organisation pour la durée de l’enquête. Une commission d’enquête (mixte, à l’époque) a été désignée. Elle a auditionné les différentes parties.
Concernant l’agression sexuelle, le militant incriminé a reconnu les faits mais pas leur intentionnalité, et a exprimé ses regrets. Sur proposition de la commission d’audition, après probation, il a été réintégré par la coordination fédérale d’AL de mai 2007. Il a quitté AL courant 2012.
Concernant le harcèlement machiste, l’autre militant a récusé le terme de « harcèlement », mais a exprimé des regrets pour son attitude, la façon dont elle avait pu être ressentie, et s’est engagé à corriger le tir. Sur proposition de la commission d’audition, après probation, il a été réintégré par la coordination fédérale d’AL de mai 2007.
Après quoi le dossier a été clos. C’était la première fois qu’Alternative libertaire était confrontée, collectivement, à une telle affaire. Cette expérience a, par la suite, inspiré la procédure adoptée au congrès de mai 2015.

 
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