Réfugié-e-s : Combattre le mythe de l’invasion




Les tentatives de démantèlement des campements de réfugiés à La Chapelle et Austerlitz à Paris ont mis la situation de ces migrants en lumière, mais il faut surtout insister sur les responsabilités de l’État et de l’Union européenne et organiser la solidarité. 

Les images des migrants naufragé-e-s en Méditerranée sont révélatrices à la fois de la nature capitaliste et de la crise de l’Union européenne (UE) comme construction politique. En poussant toujours plus loin la libéralisation des échanges et une politique de puissance qui vise à défendre un système économique toujours plus inégalitaire, l’UE est un des acteurs majeurs d’un système capitaliste facteur de déstabilisation des territoires et vecteur de conflits. Par ailleurs, elle a beau jeu de dénoncer des régimes dictatoriaux responsables de guerres et de déplacements massifs de population (Syrie, Soudan, Érythrée) après avoir fermé de longues années les yeux sur leurs agissements criminels quand elle ne les soutenait pas purement et simplement au nom de la Realpolitik.

Les migrants, qui pour la plupart fuient ces dictatures et ces guerres, ne sont pas des envahisseurs, mais des travailleurs et des travailleuses qui cherchent à échapper à la mort, à la prison et à la torture. Ils et elles recherchent ce que n’importe quel ressortissant de l’UE solliciterait en pareil cas : l’asile, c’est-à-dire une protection nécessitant accueil, logement, nourriture, soins et possibilité de travailler. Face à cette situation d’urgence, la réponse de l’UE oscille entre indifférence, répression et improvisation. En France, la politique Valls-Hollande n’est rien d’autre qu’un carburant pour le FN. Elle repose d’abord sur le mensonge qui consiste à faire croire que la France est un pays bien trop généreux, alors même qu’il est un des plus restrictifs en matière d’asile.

L’état, levier du racisme

L’absence de politique d’accueil digne de ce nom et la répression exercée contre les 400 migrants de La Chapelle (Paris XVIIIe) vise à les empêcher de s’organiser et de faire valoir leurs droits, aussi limités soient-ils. Pour les Erythréens et les Soudanais la situation est d’autant plus dure qu’il n’existe pas de diaspora sur laquelle ils et elles peuvent s’appuyer.

Si des propos racistes peuvent être entendus depuis leur arrivée dans les quartiers de La Chapelle et d’Austerlitz (Paris XIIIe), la solidarité de nombre d’habitants et des militants de ces quartiers est bien réelle et ce dans tous les domaines (hébergements, nourriture, vêtements, soins, accompagnement pour les démarches, interposition lors des charges policières, participation aux actions, manifestations). Elle contribue à montrer que la politique de l’État est bien un levier essentiel du racisme qui profite à la réaction et à l’extrême droite.
De même, l’auto-organisation des migrants est un formidable camouflet pour ceux (au PS, chez les Républicains comme au FN ) qui les stigmatisent en les représentant comme des assistés et des parasites. Elle bouscule également le paternalisme de la gauche institutionnelle (EELV et Front de gauche) visant plus à mettre en scène ses élu-e-s et à se substituer aux migrants qu’à soutenir une lutte qui doit rester la leur.

Sur ce terrain de l’auto-émancipation ils et elles peuvent depuis le début davantage s’appuyer sur les militants autonomes, de la FA, de la CGA, d’Alternative libertaire, de Solidaires ou du NPA. Solidarité de classe, auto-organisation et bataille idéologique constituent les trois axes incontournables de cette lutte en cours. De leur développement dépend son issue victorieuse.

Laurent Esquerre (AL Paris-Nord-Est)

 
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