Antifascisme

Hommage : 2023, 10 ans après, Clément toujours présent




Le 5 juin 2013, Clément Méric, jeune militant libertaire antifasciste et syndicaliste, a été assassiné en plein Paris par des fascistes. Depuis, son nom et ses combats sont devenus un symbole de la violence d’extrême droite, mais aussi de la nécessité de l’antifascisme. Retour sur 10 ans de luttes antifascistes, en forme d’hommage.

En 2013, l’antifascisme se structure autour d’une organisation principale, celle dans laquelle milite Clément : l’Action antifasciste (AFA). Elle défend un antifascisme autonome, anticapitaliste et anti-impérialiste, et s’oppose principalement aux groupes d’extrême droite de rue comme l’Action française ou Troisième Voie, le groupuscule nazi auquel appartenaient les assassins de Clément. L’AFA est, encore aujourd’hui, une des principales organisations antifas autonomes.

La croissance de l’extrême droite et sa légitimation publique, la répression des mouvements sociaux et de l’extrême gauche, ainsi que la prise de conscience des problèmes du virilisme en milieu militant, ont entraîné une remise en cause dans le milieu antifa. Elle a conduit à la création de la Jeune Garde (JG) en 2018, d’abord à Lyon face aux locaux fascistes puis dans plusieurs villes de France. Dotée de porte-paroles, active dans les médias et n’hésitant pas à se rapprocher de partis de gauche (NPA, LFI) lors des élections, elle est aussi active dans la rue, où elle reproduit parfois des méthodes patriarcales et virilistes critiquables.

Les recompositions des groupes autonomes

Ces deux organisations représentent les différentes facettes de l’antifascisme autonome : des groupes locaux autonomes reliés par un même nom, une présence dans la rue et les mouvements sociaux, mais aussi des divergences sur l’exposition publique et sur les alliances politiques à nouer. Notons enfin que l’antifascisme étudiant que portait Clément, syndiqué à Solidaires Étudiantes, a décliné, malgré des tentatives régulières de reconstruction.

Assassiné par l'extrême droite parce qu'il a refusé de baisser les yeux, Clément vit toujours dans nos luttes.
Assassiné par l’extrême droite parce qu’il a refusé de baisser les yeux, Clément vit toujours dans nos luttes.

Le mirage de l’antifascisme étatique

À la suite de l’assassinat de Clément, l’État a réagi par la dissolution des deux organisations des coupables, Troisième Voie et les Jeunesses nationalistes révolutionnaires de Serge Ayoub. Cette arme juridique a été ensuite utilisée à de nombreuses reprises, par exemple contre Génération identitaire, le Bastion social ou de nombreux groupes locaux. Cependant, cette solution d’apparence radicale n’a pas véritablement fonctionné, entraînant simplement la radicalisation et le passage dans l’illégalité d’une partie de leurs membres. Surtout qu’elles n’ont pas été couplées à la fermeture de locaux ou de librairies fascistes, ou à l’interdiction des défilés royalistes ou néo-nazis, de plus en plus nombreux.

La campagne présidentielle de Zemmour a même offert un catalyseur à ces groupes violents, ce dont témoigne un nouvel assassinat en plein Paris, celui du rugbyman argentin Federico Aramburu, le 19 mars 2022. Alors que la tolérance du gouvernement et des discours politiques et médiatiques ont contribué à normaliser l’extrême droite, ce meurtre n’a même pas déclenché de réaction massive antifasciste. Plus que jamais, l’antifascisme étatique ou électoraliste est un mirage et les solutions de façade apportées par l’État ne peuvent pas nous satisfaire.

Un nécessaire antifascisme unitaire et de masse

Face à la violence accrue de l’extrême droite, l’antifascisme se doit d’être unitaire et massif. On l’observe surtout au niveau local, avec la fondation de nombreux collectifs unitaires de villes ou de départements, rassemblant syndicats, organisations politiques de gauche, collectifs féministes, militantes et militants antifascistes… La plupart du temps, ces collectifs se montent là où la présence de l’extrême droite est nouvelle et où il n’existe pas de groupes autonomes, répondant donc à un besoin d’autodéfense et de construction politique. À l’inverse, les différentes tentatives nationales de structurer les forces antifascistes ont pour l’instant été un échec, du fait de divergences idéologiques et stratégiques.

Sur le terrain culturel, l’antifascisme a en revanche connu un regain d’activité, probablement du fait de la croissance de la menace fasciste : articles de presse, livres, mais aussi le travail de vulgarisation mené par La Horde (Antifa le jeu, cartographies de l’extrême droite…). Enfin, les syndicats s’emparent eux aussi de plus en plus de la lutte antifasciste, continuant par là l’un des combats de Clément. En affirmant que l’extrême droite est l’ennemie des travailleuses et des travailleurs, en rejetant les fascistes de nos syndicats et de nos manifs, en construisant des alternatives sociales ou en investissant des cadres unitaires comme VISA, ils jouent un rôle fondamental dans la lutte antifasciste.

Alors, pour faire vivre la mémoire et les luttes de Clément, soyons plus que jamais révolutionnaires, unitaires et antifascistes  !

Hugo (UCL Montreuil)

Lire aussi notre article 2013 : Clément Méric, une vie, des luttes

 
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