Culture

Lire Ross : « La Forme-Commune, la lutte comme manière d’habiter »




Dès que l’État recule, ce que Kristin Ross nomme « forme-commune » s’épanouit : « des gens qui vivent différemment et qui changent sur leur propre situation en œuvrant dans les conditions du présent », comme ils l’ont fait à Paris en 1989 avec la soixantaine de districts issus des mouvements populaires, puis en 1871, à Nantes en 1968 pendant quelques jours, sur la ZAD de Notre-Dame des Landes et les occupations de pipelines en Amérique du Nord.

« L’espace-temps de la forme-Commune s’ancre dans l’art et l’organisation de la vie quotidienne et dans une prise en charge collective et individuelle des moyens de subsistance. Il suppose donc une intervention éminemment pragmatique dans l’ici et maintenant et un engagement à travailler avec les ingrédients du moment présent. »

En revenant sur les luttes pour les terres contemporaines, elle recherche les grands axes de conflictualité qui ont traversé la seconde moitié du XXe siècle et qui se prolonge jusqu’à aujourd’hui.

Outre Marx, Kropotkine, Élisée Reclus, elle mobilise les textes du marxiste antiproductiviste un peu oublié Henri Lefebvre, puis s’intéresse à « différentes pratiques non-accumulatrices ¬[...] fondées sur l’intimité avec la terre et associées à la subsistance et à la figure du paysan » : défense, appropriation, composition, restitution, qui font partie intégrante des ZAD et du mouvement des Soulèvements de la terre qui est en train « de fixer une série des priorités et de passer très ouvertement à l’offensive contre l’accaparement et le saccage des terres ».

Avec cet essai bref et limpide, Kristin Ross fournit un cadre conceptuel et pratique qui contribue à « œuvrer dans les conditions du présent » en ranimant « le monde ancien qui répond le mieux à l’avenir ».
Particulièrement inspirant !

Ernest London (UCL Le Puy-en-Velay)

 
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