Antifascisme

Saint-Brévin : Les fachos mettent la pression




La démission du maire de Saint-Brévin-les-Pins après un incendie criminel à son domicile est dépolitisée par le gouvernement qui parle d’un problème général de violence envers les élu·es. Le 29 avril dernier des antifascistes et des habitant·es solidaires faisaient à nouveau face à une mobilisation d’extrême droite.

Le maire de Saint-Brévin-les-Pins Yannick Morez (divers droite) a fini par démissionner et quitter la commune où il vivait depuis 32 ans. Victime d’un incendie criminel à son domicile en mars, il dénonçait le « manque de soutien » de l’État.

Le gouvernement de son côté a dénoncé par la voix d’Elisabeth Borne « l’extrémisme des deux côtés » et tenté de réduire la question à un problème général d’agressivité envers les élu·es. Pourtant, c’est bien de l’extrême-droite que venaient les menaces que subissait l’édile.

L’extrême droite en roue libre

En cause, le transfert d’un Centre d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA), jusqu’ici implanté au centre-ville, vers une zone plus résidentielle, à côté d’une école. Peu d’habitantes et d’habitants de la commune se sont mobilisé·es contre ce déménagement, la ville ayant su accueillir dignement quelque quatre cents exilé·es depuis la création du centre d’accueil en 2016. Mais les fachos ont fait de Saint-Brévin leur nouveau champ de bataille, après leur victoire à Callac en Bretagne, où ils ont réussi à faire annuler un projet d’accueil d’exilé·es après les nombreuses menaces envers les élu·es. Depuis, une manifestation d’extrême-droite avait eu lieu dans la commune, réunissant des membres du RN, de Reconquête ou d’autres groupuscules fascistes, et le maire avait reçu des menaces, sans réaction de l’État. L’édile avait pourtant demandé à interdire le rassemblement du 29 avril.

Des frictions dans les modes d’action

Ce jour-là, une petite cinquantaine de personnes se sont réunies devant la mairie pour protester contre le projet de déménagement du CADA, à ¬l’initiative de l’Action française, Riposte laïque et du Rassemblement vendéen. Le RN s’est quant à lui officiellement retiré de la mobilisation, tandis que Reconquête prenait également ses distances. Les flics étaient présents en nombre pour protéger le rassemblement de la contre-manif. Car en face, on ne se laisse pas faire. Les habitantes et habitants sont mobilisé·es depuis des années dans le collectif Brévinois·es attentifs et solidaires (CBAS), un groupe de riverains et riveraines qui organise la solidarité avec les exilé·es mais qui craint la confrontation et n’appelle pas à des contre-manifestations.

C’est pourquoi le « Comité antifasciste du pays de Retz » a été créé dans une approche plus offensive, ce qui n’est pas sans créer des frictions, le comité reprochant au CBAS ses positions jugées trop peu politiques. À son appel, le 29 avril se sont rassemblées de nombreuses organisations politiques et syndicales (CGT, Solidaires, FSU, LFI, PCF, CNT, UCL, Attac…) et beaucoup d’autonomes pour ne pas laisser la rue aux fachos. Si la contre-manif n’est pas parvenue à s’approcher de la mairie, des affrontements ont eu lieu dans les rues de Saint-Brévin avec un groupe de 150 suprémacistes blancs, venus faire le coup de poing. Au-delà de la confrontation physique dans la rue, Saint-Brévin nécessite un front antifasciste populaire pour faire face à des fachos dont la stratégie assumée est désormais d’intimider les élu·es qui soutiendraient des projets d’accueil d’exilé·es dans des petites communes.

Agrippine (UCL Nantes)

 
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