Syndicalisme

Le Teil (Ardèche) : Commémorer l’engagement du couple Serret




Gilbert et France Serret, plus connues sous le surnom affectueux de « Les Serret », ont consacré leurs carrières d’instituteur et institutrice au sud de l’Ardèche. Gilbert a dirigé la Fédération de l’enseignement de la CGTU, tandis que France y a joué un rôle clé dans la création de ses groupes féministes, et a milité pour une pédagogie alternative. Un colloque intersyndical va commémorer leur engagement militant.

À l’occasion du 80e anniversaire de la disparition de Gilbert Serret [1], l’IHS-CGT et la FSU de l’Ardèche organisent une grande journée populaire dans la ville du Teil (Ardèche) le 8 juillet prochain.

La journée débutera par une visite de la cité Blanche de Lafarge au Teil, faisant le lien avec le monde ouvrier du Teil, à partir des grandes grèves locales et de la construction de l’Union locale CGT. L’après-midi se tiendra un colloque intitulé « France et Gilbert : le syndicalisme pour changer le monde », qui abordera les rapports entre le syndicalisme combatif et le mouvement ouvrier, ainsi que les multiples facettes de leur militantisme. Une réunion publique sur la vie de Gilbert Serret en tant que pédagogue ardéchois, syndicaliste et révolutionnaire clôturera cette journée mémorable.

Ce colloque, fruit d’une collaboration étroite entre la FSU et la CGT, témoigne de leur engagement commun, comme sur la bataille des retraites. Il vise à commémorer la tragique disparition de Gilbert Serret et à mettre en lumière l’importance de l’ancrage du syndicalisme enseignant dans le mouvement ouvrier.

Indépendance syndicale, internationalisme

Profondément engagé en faveur du monde ouvrier, Gilbert Serret a été syndicaliste avant tout, en refusant que la CGTU soit la courroie de transmission du PCF, menant ce combat avec l’ensemble de la direction de la Fédération de l’enseignement pour s’opposer à sa liquidation. Soutien aux grèves locales en Ardèche, implication dans l’Union locale CGT du Teil, construction de structures syndicales pour sa Fédération, il fut en première ligne. Mais l’ancrage militant local du couple Serret s’est fait aussi en lien avec tous les combats antifascistes, anticoloniaux et pacifistes de l’entre-deux-guerres.

Cette journée mémorielle consacrée aux Serret revêt une grande importance. Elle permet de mettre en évidence le fait que les syndicalistes révolutionnaires et les voix dissidentes ont été effacées de l’Histoire par la majorité écrasante du PCF à la Libération.

Tout a été fait et tenté pour invisibiliser et faire disparaître de la mémoire collective toutes les militantes et militants qui osaient émettre des critiques sur le PCF et ses liens avec le syndicat, ou encore sur l’Union soviétique. Il fut même convoqué, avec d’autres, à Moscou par l’Internationale syndicale rouge, qui leur fit savoir en route qu’elle ne voulait plus les recevoir.

Il est essentiel de se souvenir que nos instituteurs et institutrices ardéchoises syndicalistes révolutionnaires ont façonné l’enseignement, en jouant un rôle clé dans le mouvement syndical et social en Ardèche. Gilbert Serret lui-même a été mandaté à deux reprises pour représenter le mouvement syndical lors de congrès confédéraux, prononçant des discours marquants en faveur de l’indépendance syndicale et de la démocratie. Ses discours demeurent une référence pour tous les syndicalistes.

Aujourd’hui, il est crucial de reconstruire cette mémoire, la rendant accessible à toutes et tous, pour maintenir le sens de l’engagement de ces militant.es au sein de nos pratiques syndicales quotidiennes et de nos organisations.

LG (militant syndicaliste en Ardèche)

[1Lire : France Serret,
Gilbert Serret, Le Maitron

 
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