Ecologie

Projets autoroutiers : Ensemble pour mettre les routes en déroute




Suite à une mobilisation massive contre la construction d’un tronçon d’autoroute entre Castres et Toulouse en avril dernier, une convergence des luttes est en train de se former. Une coalition nationale, La Déroute des Routes, compte mettre fin à ces grands projets écocides sur tout le territoire.

La France a beau détenir le record d’Europe de kilomètres de route par habitante, État et collectivités entendent continuer à goudronner pour filer plus vite droit dans le mur. Mais les luttes locales se fédèrent, et la bataille contre le système routier prend de l’ampleur.

Avec ses appels à dissoudre les organisations « écoterroristes », Darmanin fut leur meilleur attaché de presse. Fin avril, plus de 8 000 personnes ont envahi la nationale aux environs de Castres, à l’appel du collectif La Voie est libre, des Soulèvements de la Terre et de la Confédération paysanne, pour refuser l’aberrant projet d’autoroute A69 Castres-Toulouse (cinquante kilomètres d’autoroute hors de prix, tracée sur 400 hectares de terres agricoles et naturelles en parallèle d’une nationale), ériger un mur de parpaings sur la voie rapide, se lancer dans une joyeuse course de caisses à savons façon Mario Kart. Deux semaines plus tard, c’est près de Rouen que 2000 personnes venaient réarmer la forêt de Bord, creuser des mares, piéger des arbres contre les lames des tronçonneuses, installer une « ZAD pour enfants » et dresser un barrage de troncs sur l’A13, pour dire non au projet de contournement Est de Rouen. Une mobilisation à l’appel du collectif Non à l’Autoroute A133-134, des Naturalistes des terres et à nouveau des Soulèvements de la Terre. Le même week-end, la Lutte des Sucs organisait son carnaval, et inaugurait un troupeau de brebis militant et collectif, envoyé pâturer sur le tracé du projet de déviation en deux fois deux voies de la RN88, la route de Wauquiez.

Un moratoire sur tous les projets routiers

En ce printemps, le rapport de force est monté d’un cran contre le système tout-routier. Une bataille menée au quotidien par une cinquantaine de collectifs locaux, entrés en lutte contre des projets routiers partout en France (dont ceux de Castres, Rouen et des Sucs), et réunis depuis l’an dernier dans la coalition nationale La Déroute des routes. Ensemble, ils et elles portent un moratoire pour suspendre tous les projets routiers, se mobilisent les uns en soutien des autres (la coalition était présente à Castres et Rouen) et partagent une même analyse.

S’attaquer à un nœud du système

Qu’il s’agisse d’une énième autoroute, du contournement d’une petite ville, d’une nouvelle voie tracée en pleine campagne, tous les projets routiers relèvent de la même logique. Alors qu’ils sont toujours présentés comme une réponse à des problèmes locaux de déplacement et d’embouteillages, leur finalité est en réalité toute autre. Construits contre les habitantes et habitants, ces projets s’inscrivent dans un schéma global. L’objectif, densifier toujours plus le réseau de transport de marchandises à travers la France et l’Europe et ouvrir de nouveaux espaces, terres naturelles et agricoles, à la prédation foncière du privé. Avec l’accès routier viennent les ZAC, les entrepôts logistiques, les nouveaux quartiers périurbains. Ainsi, le système routier accélère toujours plus les flux de marchandises, s’approprie les communs, détourne les usages locaux, opère une marchandisation des territoires au mépris de celles et ceux qui y vivent, humains ou non. Bloquer les routes, c’est s’attaquer à un nœud du système, c’est bloquer en amont tous les projets pourris en cascade que leur ouverture permettrait. Alors, la coalition, riche de sa diversité, entend bien poursuivre la lutte et l’intensifier pour, partout, mettre les routes en déroute. No macadam  !

Pour suivre les actualités de la coalition de collectifs locaux La Déroute des routes, vous pouvez vous rendre sur leur page facebook.

Romain (UCL Montpellier)

 
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