Politique

Italie : Vol noir sur la péninsule




Le 25 septembre, les Italiens ont élu un nouveau Parlement. L’union de la droite et de l’extrême droite l’a emporté, propulsant Georgia Meloni, la cheffe du parti fasciste Fratelli d’Italia, au pouvoir.

Les élections générales anticipées de cet automne en Italie, faisant suite au vote de défiance contre le précédent gouvernement de coalition mené par le libéral Mario Draghi, ont opposé trois forces politiques  : le centre-gauche incarné par le Parti démocrate ; l’ancien parti populiste Mouvement 5 Étoiles (M5S)  ; et le bloc des droites qui unit Forza Italia (Berlusconi), la Ligue (extrême droite) et Fratelli d’Italia. Malgré des différences idéologiques, par exemple sur l’Europe ou la Russie, ces trois partis se retrouvent sur l’essentiel  : néolibéralisme, racisme et islamophobie, conservatisme patriarcal et anti-LGBT, nationalisme, soutien aux énergies fossiles, révisionnisme historique sur la période fasciste.

Le choix de Georgia Meloni comme candidate de la droite est révélateur. Son parti, né en 2012, est issu d’Alliance nationale, lui-même continuateur du Mouvement Social Italien (MSI). Créé en 1946 par d’anciens membres du régime fasciste, celui-ci avait été exclu de la vie politique institutionnelle jusqu’à son intégration à un gouvernement mené par Berlusconi en 1994. Si Meloni ne se revendique pas fasciste, cet héritage et certains symboles comme la volonté de remettre en cause la fête nationale du 25 avril qui marque la fin du régime fasciste, ne laissent aucun doute sur son idéologie  : un néofascisme qui associe capitalisme ultralibéral et conservatisme social.

Les néofascistes aux portes du pouvoir

Les liens entre le MSI et la France ont été nombreux  : son symbole, la flamme aux couleurs du drapeau italien, est repris directement par le FN, et à plusieurs reprises il s’allie aux élections européennes avec des Français dont Jean-Marie Le Pen. Aujourd’hui encore, un eurodéputé de Fratelli est le mari de Marion Maréchal.
Face à la menace directe de l’arrivée d’une fasciste au pouvoir, les forces de gauche n’ont pas été à la hauteur  : le Parti démocrate se place uniquement sur le plan des valeurs, tout comme l’avait fait le mouvement citoyen des Sardines, impulsé en 2019 à Bologne face à un décret anti-immigration.

Malgré des manifestations dans les villes traditionnellement de gauche, le mouvement n’a pas réussi à construire de contestation durable. Il ne faut pas non plus oublier que le Parti Démocrate et le M5S ont gouverné avec la Ligue et ses positions d’extrême droite. Ils menaient d’ailleurs une politique de casse sociale et de répression lors du meurtre en juin 2021, sur un piquet de grève, d’un syndicaliste d’origine marocaine.

C’est probablement ce qui explique leur absence à ce qui aurait pu être un mouvement social et politique unitaire majeur associant des revendications économiques, de libertés politiques et antiracistes. Quant à l’extrême-gauche, divisée et faible, elle ne réussit pas à construire une riposte antifasciste d’ampleur, d’autant qu’elle est soumise à la violence parfois mortelle de l’État et des groupes fascistes.

En abandonnant tout programme de changement radical appuyé sur le mouvement social, pour accompagner à la place les politiques racistes et socialement destructrices de l’extrême droite, la sociale-démocratie a fait le pari de l’antifascisme moral et électoral. Mais ce dernier a prouvé son inefficacité, montrant que seul un mouvement de masse et unificateur pourra inverser la tendance.

Hugo (UCL Montreuil) et Hugues (UCL Saint-Denis)

 
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