Pleins feux

Offensive sécuritaire : Racisme mécanique de l’État Français




Il n’y a pas que les températures qui ont été étouffantes cet été. Profitant de la démobilisation estivale habituelle, l’État français a multiplié les offensives sécuritaires et racistes. Ajout du ministère des Outre-mer au portefeuille du ministre de l’Intérieur, projet de restriction des titres de séjour, augmentations du nombre de gendarmes et de policiers, maintien du contrôle aux frontières intérieures de l’Union européenne, expulsions sur des motifs racistes ou islamophobes : le fond de l’air en France est décidément brun.

L’exemple le plus médiatisé de cette vague est sans aucun doute la campagne de Gérald Darmanin contre l’imam Hassan Iquioussen lancée fin juillet. Né à Denain d’un père marocain, il n’a pas gardé la nationalité française et bénéficiait de titres de séjour. C’est lors de la demande de renouvellement de son titre que Darmanin a choisi d’attaquer en profitant du nouvel arsenal juridique infâme développé dans la loi séparatisme de 2021. Le motif du ministre ? Des sorties antisémites, misogynes ou complotistes sur des attentats.

Hassan Iquioussen a tenu et tient encore des propos réactionnaires qu’il faut condamner en tant que tels. Mais aucun profil politique, même le plus réactionnaire, ne justifie une expulsion. Pas plus que l’origine la personne ciblée. L’expulsion n’est jamais une méthode défendable.

Comment peut-on tolérer un instant qu’une personne qui est née et a passé toute sa vie en France avec sa famille soit expulsée vers un pays, traité dès lors comme une «  poubelle politique  », dans lequel elle n’a jamais vécu  ? ­L’État peut-il prétendre défendre l’«  État de droit  » quand il choisit d’expulser manu militari un individu plutôt que de recourir à la justice afin qu’il soit condamné pour ses propos  ?

Interdit de contredire

En réalité, l’État français se moque pas mal des sorties rétrogrades ­d’Iquioussen, connues depuis de nombreuses années. Il suffit d’écouter des extraits de l’audition devant le Conseil d’État pour comprendre que c’est sa critique de l’islamophobie de la France qui a motivé le gouvernement à passer à l’offensive, dans la continuité de la dissolution du CCIF.

L’argumentation complotiste du ministère de l’Intérieur est à ce titre révélatrice : dénoncer l’islamophobie, pourtant bien réelle, de la France ferait partie d’un plan à la fois insidieux et explicite d’islamistes pour faire tomber les personnes musulmanes dans le «  séparatisme  » et la «  haine de la République  », tout cela dans le but de subvertir les institutions républicaines et d’instaurer la charia en France  !

ARNAUD VILETTE

Si l’expulsion a été temporairement suspendue le 5 août par le tribunal administratif de Paris, le Conseil d’État l’a finalement validée le 30 août. Cette décision constitue un précédent très inquiétant puisqu’elle ouvre la porte à de nouvelles expulsions motivées politiquement de personnes, même en règle. Le plus affolant est sans doute la faiblesse des réactions dans le champ politique.

Alors que le projet de déchéance de nationalité pour les terroristes binationaux avait suscité une levée de boucliers et avait été refusée par le Conseil d’État, c’est dans l’apathie quasi généralisée que ce dernier a jugé constitutionnelle la demande d’expulsion d’Iquioussen.

Ne soyons pas dupes de cette mascarade. Loin d’une lutte contre les idéologies insupportablement réactionnaires d’Hassan Iquioussen, il s’agit d’une nouvelle expression de ­l’islamophobie de l’État qui fait des personnes musulmanes des ennemies de l’intérieur. Aucun vernis ne dissimulera le fondement raciste des expulsions.

Commission antiracisme

 
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