Ecologie

Zad partout : « Des bâtons dans les routes », un weekend convivial et victorieux




Le festival Des bâtons dans les routes , organisé par le collectif Non à l’autoroute A133-A134, soutenu notamment par les Soulèvement de la Terre a eu lieu du début mai à Léry dans l’Eure, contre le projet de voie rapide pour contourner Rouen à l’est.

Début mai, était organisé par une foule d’associations, de syndicats et d’organisations, le festival Des bâtons dans les routes. Son but  : s’opposer au projet d’autoroute A133-A134. Il s’agit pour ses promoteurs de créer une voie rapide de contournement de Rouen par l’est.

Lors de ce weekend, étaient organisées des actions naturalistes de masse afin de créer des habitats pour accueillir des espèces protégées là ou le chantier doit démarrer, du blocage et des actions déterminées.

Ce projet c’est  : une autoroute à péage entre 4 et 5 € de 41,5 km  ; une route qui ne va pas désengorger le trafic sur Rouen et va permettre à plus de camions de circuler et donc à d’immenses entrepôts logistiques de prospérer mettant encore plus de camions sur les routes donc plus de pollution  ; 8 viaducs, 9 échangeurs et un coût de plus d’un milliard d’euros  ; une artificialisation massive de terres agricoles et forestières dont la forêt de Bord dite « forêt ancienne » selon la doctrine de l’État, cartographiée au XVIIIe siècle et jugée « irremplaçable » et « incompensable » (516 hectares bétonnés, la forêt rasée, des agriculteurs et agricultrices expropriées…)  ; un risque majeur pour les ressources en eau potable  ; une atteinte massive à la biodiversité et un manque de transparence, d’informations et de concertation.

Des centaines d’hectares bétonnés

Afin d’alerter, d’informer et de résister face à cet immonde projet, un festival familial et déterminé a donc eu lieu début mai avec plusieurs temps forts. Nous avons été entre 2 000 et 4 000 participantes et participants pendant le week-end, dont plusieurs dizaines de l’UCL de différents groupes locaux (Caen, Orne, Le Havre, Rouen, Nantes).

Vendredi 5 mai, une ouverture en fanfare à 18 heures avec des tables rondes, des concerts et une projection débat du documentaire de Mickael Damperon, Des cailloux dans la chaussure.

Samedi 6 mai, la journée commence à 10 heures avec une table ronde avec Alessandro Pignocchi et les Naturalistes des terres. Après une bonne bouffe, nous sommes parties en début d’après-midi dans les bois pour une grande ballade active et naturaliste, en n’oubliant pas de prendre nos drapeaux bien sûr, pour découvrir la faune et la flore de la forêt de Bord (mésange à longue queue, fougère aigle, sitelle torchepot, renoncule ficaire…). Durant cet après-midi, quatre groupes sont composés portant tous un nom d’espèces menacées par cet honteux projet : grand capricorne, pic mar, triton crêté, muscardin.

Plusieurs actions sont menées comme la pose de nichoirs pour les muscardins, la création de mares pour les tritons crêtés et les salamandres, des clous et des marquages sur certains arbres pour empêcher leur abattage et leur exploitation et protéger les grand capricornes ou relier les arbres entre eux pour qu’ils ne puissent pas être abattus.

Des nichoirs, des mares et surtout du collectif

En fin d’après-midi, retour au camp. Des conférences sont alors organisées dont une animée par Fatima Ouassak sur l’écologie pirate et l’écologie populaire. Côté UCL Caen, chacun part sur un stand ou une réunion, notamment la réunion inter collectifs des Soulèvements de la Terre qui regroupait une dizaine de collectifs locaux. À partir de 20 heures, c’est le moment de laisser place à la musique grâce aux groupes venus jouer sur place  : spéciale dédicace à Tahigo et Joke pour les slogans, les pogos et l’ambiance.

Le dimanche 7 mai au matin on repart dans la forêt sous une belle pluie normande, toujours avec l’UCL bien présente. Le but de cette matinée est d’installer la première Zad pour enfants qui pourrait être une première étape d’une future occupation de la forêt en cas de démarrage des travaux. Cette Zad junior prend la forme d’une aire de jeux forestière destinée à se réapproprier les lieux et où sont installées quatre vigies amenées par les participantes et participants et qui sont inspirés du pic mar, du triton crêté, du muscardin et du grand capricorne.

Après un bon pique nique au sein de la nouvelle Zad, nous sommes invitées à partir en ballade en forêt pour une action surprise. Peu de camarades sont au courant du but final de cette marche, et pourtant malgré la fatigue accumulée et la promesse de quatre heures de marche au milieu d’un sentier boueux avec un parcours physiquement éprouvant, environ 600 personnes suivent le mouvement. Après une heure de marche, on nous demande de commencer à ramasser des branches mortes dans la forêt qui serviront à l’action. Cinq à dix minutes avant d’arriver au bout de notre périple, on apprend que des camarades sont sur l’A13 et qu’ils et elles ont bloquée. On comprend alors que c’est le but de la marche et qu’on a réussi !

Dès lors, plus de mal de jambe, plus de fatigue, une euphorie s’empare du cortège, le bouquet final du week-end est à portée de main. Et voilà, on arrive sur l’autoroute, on comprend pourquoi le festival s’appelle « Des bâtons dans les routes » et pourquoi on a galéré avec ces branches. Quelle sensation incroyable de se retrouver au milieu d’une autoroute autant fréquentée et la voir totalement à l’arrêt.

@NPA

Déroute de l’autoroute

Les slogans fusent comme « Nous sommes tous et toutes, les enfants de la forêt ! » ou « Nous sommes tous et toutes, des écoterroristes ! ». Mêmes les camarades présentes à Sainte-Soline ont ce ressenti incroyable et indescriptible d’euphorie générale. Bien évidemment, la flicaille arrive rapidement sur place et nous décidons de rebrousser chemin au bout d’une trentaine de minutes, sans aller à l’affrontement, ce week-end se veut chaleureux, convivial et familial. Mais nous avons réussi notre coup, médiatique, politique et écologique.

Nous rentrons tous et toutes au campement en étant plus embêtées par nos mal de jambes que par les flics, mais avec en tête la fierté d’avoir participé à une action hors du temps et d’avoir mis en avant la forêt, l’écologie, la détermination, la joie, tout simplement la vie. Cette journée incroyable se termine par une conférence de David Gaborieau sur le travail et la logistique suivi par de nouveaux concerts. Le week-end s’achève le lundi 8 mai avec une AG de lutte pour les quelques dizaines de personnes encore présentes sur place.

Ce festival aura permis de montrer que la défense du vivant, de la forêt et de la biodiversité est un combat urgent et prioritaire si l’on veut continuer nos luttes pour l’autogestion, la solidarité, l’égalité et la liberté. Nous avons vécu collectivement un moment de vie, de lutte et de partage inoubliable, intense, émouvant, qui restera dans nos mémoires.

Nous appelons à investir massivement les luttes écologiques et notamment les comités locaux des Soulèvements de la Terre.

UCL Caen

 
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