Numérique

Entretien : Stéphane Ortega (Rapports de force) «  Limiter notre dépendance  »




Afin de mieux comprendre les relations entre Facebook et les médias indépendants comme Rapports de force, nous avons interrogé fin novembre Stéphane Ortega, de la rédaction.

Alternative Libertaire : Pourquoi est-il indispensable pour vous d’être sur Facebook ?

Stéphane Ortega : Facebook a façonné les usages de la population, notamment en matière de « consommation » de l’information. Il s’est rendu indispensable. Pour eux, comme pour les médias qui veulent être lus. Pour faire vivre un média comme le nôtre, c’est à dire indépendant, en accès libre, et qui tente de rémunérer ses journalistes grâce aux dons, il est indispensable de développer une large audience. Or ce lectorat, nous devons aller le chercher là où les gens ont pris l’habitude de trouver l’information. Sinon, cela revient à se condamner à être confiné dans une niche marginale, composée de petits réseaux nous connaissant préalablement. Et finalement disparaître rapidement, parce qu’étant dans l’impossibilité de vivoter de notre travail. De plus, aujourd’hui, avoir un impact en sortant une info particulière, sans bénéficier d’une possible viralité sur réseaux sociaux s’avère quasi mission impossible.

Quel a été l’impact de votre interdiction ?

Stéphane Ortega : Immédiat. Entre le 15 octobre et le 3 novembre, la période d’interdiction de Rapports de force sur Facebook, la fréquentation du site a été divisée par deux. Aucun de nos articles n’a atteint les 1 000 lecteurs pendant cette période à l’exception de celui expliquant le risque de la mort à moyen terme de notre média. Mais même celui-là n’a pas eu l’écho qu’il aurait dû avoir.

Quelles leçons tirez-vous de cet épisode ?

Stéphane Ortega : Nous allons engager une réflexion pour essayer de limiter notre dépendance à Facebook. Bien sûr, il y aurait la possibilité d’investir les réseaux libres ou d’inciter régulièrement notre lectorat à diffuser nos articles par d’autres moyens. Par mails ou chaînes de textos par exemple. Et nous le ferons probablement. Cependant, nous ne nous faisons guère d’illusions  : ce n’est pas Rapports de force à lui tout seul qui modifiera la façon dont la population « consomment » de l’information. Et nous devrons encore toucher les gens là où ils sont. Surtout celles et ceux qui ne nous connaissent pas encore.

Propos recueillis par Léo (UCL Lyon)

 
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