Culture

Poème : Commune




La chute est raide quand on tombe
dans nos trous de mémoire
28 mai 1871
La révolte m’a attiré à elle
Se sentir considéré
désirable
Ça n’a pas de prix
après une existence de chien errant
à baisser les yeux et crever pour un rien

Elle est ROUGE ma belle Communarde
Pas Cardinale
Douce et piquante sur les lèvres
Le champ de la peau
Chant de l’appeau
Lape-eau
J’ai le goût de son sexe sur les lèvres quand elle court vers la barricade
Sa silhouette se dissout
dans le déluge de feu qui tombe du ciel juste après
Marre de sang
Tout ce qui reste de mon Amour
ma Peau
mon Âme
ma République
J’agonise
le nez dans le ruisseau
Varlin s’est envolé
Blanqui sous les verrous
Courbet s’est pris une colonne
On pourra cracher sur nous
pendant 30 000 otages
On essaiera de nous effacer
Et comme l’histoire se répète
d’autres viendront après nous semer
ce qu’on a récolté
et mettre leur pied au derche
de ces Républicains
qui défendent le bien privé
sabrant la République universelle
Amen la Sociale
Louise Michel y a planté un drapeau
Écran de fumée
Rideau
NOIR

Il y a peu d’incompétents à la tête
de l’État
mais des bons
siphonneurs de patrimoine
beaux parleurs savamment conseillés
qui serviraient amis ou ennemis
tant que les écus tintent rond
De monarchie en république
l’empire des couvre-feux tente d’étouffer le feu qui couve
La nature se débat contre 1 %
de pyromanes
Ne reprochez pas aux vautours
leur manque d’altruisme
Ils pensent charité
souriant poliment
Ils mouilleraient leur chemise
pour que vous puissiez vous exprimer
Tant que ça leur rapporte
Mais ils vous écorcheront
si vous parlez d’égales contributions
Ils passent la solidarité à la mitrailleuse ou à la bourse
vous racleront les os
s’ils vous voient blessé
D ‘obscurs experts trouveront des moyens pour que vous rapportiez£
plus au travail
plus au chômage
même après votre mort
J’ai mal

Sur le charnier brillant de luttes aux pies
je saigne
merles moqueurs
vous construirez une entreprise de rêve
On a chahuté l’Église
Fous de dieu qui voulaient monopoliser l’éducation
fabriquer des hommes chair à usine
à canon
des femmes-génisses accouchant d’une armée de petits soldats de travailleurs
ignares craintifs braillards et bigots
Elles ont voulu s’élever plus haut que
le clocher des églises
défié la religion du bâton et de la honte
du renoncement à la vie
N’oubliez pas

Pour étouffer nos chants
on a tracé une ligne de myrrhe
jusqu’au cœur de Paris
On les a taxés de péché de vie coupable
Le confessionnal au bout du chemin
Ils ont dressé un Sacré-cœur magnifique
pour écraser à jamais sous des tonnes d’orgueil
la volonté de justice
le désir d’une vie digne
Je n’en veux pas à mort aux forces
de l’ordre
d’avoir tiré sur nous
elles sont là pour obéir
pas pour réfléchir à qui menace vraiment le bien COMMUN

Argiolas M.

 
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