Écologie

Projets inutiles : Au Carnet, une Zad en temps de confinement




Installée depuis le 31 août 2020, la Zone à défendre du Carnet a dû naviguer entre répression policière et confinement dans un contexte sanitaire tendu, mais tient bon. Alors que les maires de plusieurs communes ont demandé l’expulsion de la Zad au préfet fin décembre, la lutte pour la défense de l’estuaire de la Loire a plus que jamais besoin de soutien.

Voilà quatre mois qu’une Zone à défendre (Zad) est née sur l’estuaire de la Loire pour lutter contre un projet d’extension du Grand port maritime de Nantes-Saint-Nazaire [1]. Le report d’un an de celui-ci a été annoncé début novembre − un répit en demi-teinte, car depuis cette date la répression des luttes et la surveillance des militantes se sont intensifiées sur l’estuaire de la Loire, avec des contrôles des véhicules et personnes se rendant sur place, mais aussi un survol régulier par des hélicoptères de la gendarmerie.

Malgré ces difficultés, les habitantes font preuve de créativité et de combativité pour faire vivre le lieu et tenir sur la durée. Des habitats légers ont été construits à l’approche de l’hiver pour protéger les habitantes du froid, et de nouveaux chantiers ont commencé en décembre comme celui de la «  tour champignon  ». Des ateliers ont lieu régulièrement, aussi bien pour apprendre sur le plan théorique que pour acquérir des compétences manuelles auprès d’autres personnes.

Les Zad portent en général des luttes et des aspirations qui dépassent les enjeux locaux, et le Carnet ne fait pas exception  : s’y dessine l’ambition d’une écologie radicale [2], et d’espaces de lutte propices à la formation politique, à l’échange et à la consolidation des solidarités locales. De son côté, le collectif Stop Carnet, indépendant de la Zad mais soutenant la lutte, interpelle les associations environnementales qui collaborent avec les autorités locales, soulignant deux conceptions de la lutte écologistes [3].

Bétonnisation reportée

La vie sur place, avec ses difficultés et ses moments forts, et encore plus dans le contexte politique et sanitaire actuel, alimente aussi les réflexions sur le fonctionnement en collectivité, la gestion des conflits, ou encore la préservation de la santé mentale des militantes [4]. Le confinement a soulevé des difficultés supplémentaires en rendant plus compliquées le ravitaillement et les visites.
Si le projet de bétonisation en lui-même est reporté, il faut aussi compter avec l’hostilité des maires des communes du sud de l’estuaire. Ceux-ci ont récemment demandé l’expulsion de la Zad au préfet. Soutenir la lutte du Carnet sera plus que jamais décisif.

Irène (UCL Haute Savoie)

[1Voir les articles précédents parus dans Alternative libertaire, dans les numéros d’août et octobre 2020 : «  En bord de Loire, la menace d’une zone industrielle  », et «  La ZAD du Carnet, pour défendre l’estuaire de la Loire  ».

 
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