Dans un contexte de crise politique et de remise en cause de plus en plus virulente de la légitimité de la police, le pouvoir donne un tour de vis sécuritaire supplémentaire à l’aide de la loi dite de « sécurité globale ». En renonçant même au vernis démocratique – au débat parlementaire et au respect des libertés fondamentales – le gouvernement prend des risques, face à un front néanmoins traversé de divisions.
Avec ce dossier spécial d’Alternative libertaire, à l’occasion des 150 ans de l’événement, il s’agit de le redécouvrir dans sa singularité, sans l’affubler d’oripeaux anachroniques.
Quand la Commune de Paris se dresse face au gouvernement, en mars 1871, c’est l’aboutissement d’un processus. Depuis déjà six mois, sur fond d’invasion allemande, le pays est en proie à une crise prérévolutionnaire, marquée par plusieurs tentatives insurrectionnelles. À chaque fois, la prise d’armes s’est faite sur l’idée que les communes pouvaient être le recours des classes populaires, et la relève d’un État failli.
Un an et demi après la création de l’UCL, sa commission internationale dresse un premier bilan d’activité, qui s’est accélérée avec la pandémie de Covid-19 et la crise économique mondiale qui rendent cruciale une analyse et une riposte globales.
Dans Alternative libertaire de décembre 2020, un article invitait à ne pas diaboliser l’instruction en famille (IEF). Certes, mais il aurait fallu rappeler la priorité est de se battre pour transformer l’école publique.
Plus d’un quart des élus à la Commune sont issus de l’Association internationale des travailleurs (la « Première Internationale »). Mais, leurs vues sont loin d’être unifiées, et leur impulsion politique n’est pas coordonnée.
L’entreprise française de jeux vidéo, Ubisoft, s’est récemment retrouvée sous les feux des projecteurs pour une affaire de harcèlement. Une ambiance de travail sexiste et viriliste dénoncée depuis longtemps déjà par les syndicalistes et travailleurs de l’univers vidéoludique.
D’après une enquête faite pour l’association Face à l’inceste en novembre 2020, un·e français·e sur dix aurait été victime d’inceste, dont 78 % de femmes. Dans 96 à 98 % des cas, l’agresseur est un homme.
Alors que les lois antiterroristes se succèdent en France et plus largement dans le monde, une ONG australienne spécialisée dans la recherche statistique sur la paix a publié son rapport sur le phénomène terroriste. Analyse.
Tout est parti d’une grève-bouchon au laminoir à chaud du site mosellan, jusqu’à prendre des proportions nationales. C’est une conséquence du Covid-19 : les salarié·es ne peuvent se serrer davantage la ceinture.
Comme la Ligue des droits de l’homme, Amnesty International, Solidaires et d’autres, l’UCL a protesté contre la dissolution du Comité contre l’islamophobie en France (CCIF) par le gouvernement, qui l’accusait d’avoir partie liée avec le djihadisme, alors qu’il s’agit d’une ONG de défense des droits garantis par la laïcité. Pour clarifier de son engagement contre l’islamophobie, la coordination fédérale de l’UCL a adopté à 90 % des mandats, en octobre 2020, cette motion de cadrage.
La Commune de Paris aura vécu neuf semaines. Suffisant pour lancer des idées et des décrets, mais pas vraiment pour les appliquer. Pendant ce temps, les versaillais ne se préoccupaient que de déployer une armée pour reconquérir la capitale…
Une délégation zapatiste parcourra l’Europe au printemps 2021, l’occasion pour nous d’échanges fructueux auprès des compagnonnes et compagnons toujours en résistance.
Le Pérou vient de connaître une crise politique et institutionnelle qui a mis en lumière la force du mouvement populaire.
Un drame survenu en octobre a rendu plus visible encore la nécessité de s’organiser pour alerter sur les conditions de travail des saisonnier·es, et défendre leurs droits, dans un contexte de mise en concurrence entre elles et eux, et alors que la récente réforme du chômage vient ajouter à cette précarité.
Alors que les tabous et l’instrumentalisation patriarcale autour des règles et de la sexualisation féminine persistent, on estime qu’une femme sur dix souffre d’endométriose. Cette maladie peut provoquer des douleurs quelquefois invalidantes et des problèmes d’infertilité.
Installée depuis le 31 août 2020, la Zone à défendre du Carnet a dû naviguer entre répression policière et confinement dans un contexte sanitaire tendu, mais tient bon. Alors que les maires de plusieurs communes ont demandé l’expulsion de la Zad au préfet fin décembre, la lutte pour la défense de l’estuaire de la Loire a plus que jamais besoin de soutien.
Fin octobre, le média indépendant Rapports de force a été brutalement et sans crier gare effacé de Facebook. Retour sur un épisode qui confirme nombre de nos analyses et doit nous pousser à aller encore plus loin dans la « dégafamisation ».
À Nantes, la double mobilisation de réseaux syndicaux et féministes « extérieurs » à une entreprise ont contribué à sortir une grève de son isolement, et à emporter la victoire. Récit par des camarades de l’UCL impliqué·es.
Afin de mieux comprendre les relations entre Facebook et les médias indépendants comme Rapports de force, nous avons interrogé fin novembre Stéphane Ortega, de la rédaction.
Né dans le désir de venger la Commune de Paris, l’anarchisme s’est ensuite montré plus critique envers l’événement. Jusqu’à le délaisser. Il s’agit aujourd’hui moins de le commémorer que de le comprendre.
Voici déjà les cent cinquante ans de cette vieille dame, si jeune dans nos cœurs, la Commune de Paris. Il faut lire à cette occasion le livre d’Éric Fournier !
La chute est raide quand on tombe
dans nos trous de mémoire
Il y a tant d’exclu·es de l’augmentation de salaire promise par le « Ségur de la santé » que les fédérations signataires de l’accord – FO, CFDT et Unsa – s’en mordent les doigts. Les autres continuent le combat !
Ces dernières semaines des manifestations partout en France ont rassemblé plusieurs centaines de milliers de personnes contre le projet de loi dit « sécurité globale ». On y a vu ici et là des tentatives diverses, heureusement infructueuses, de l’extrême droite pour tenter de s’insérer dans ces rassemblements. Décryptage d’une stratégie.
Jean Grave (1854-1939) a été un des militants les plus en vue de l’anarchisme français entre 1880 et 1914. Trop jeune pour jouer un rôle en 1870-1871, il fréquenta en revanche abondamment les anciens communards devenus anarchistes dans l’exil, comme Louis Pindy ou Élisée Reclus. Les jugements définitifs qu’il s’autorise dans ce texte publié par La Revue blanche en mars 1897 peuvent donc être considérés comme représentatifs de l’opinion que le mouvement anarchiste se faisait de la Commune un quart de siècle plus tard : un ratage certes héroïque, mais avant tout un ratage, dont le mouvement révolutionnaire devait tirer des enseignements.
Deux bénévoles associatifs ont été agressés le 12 décembre alors qu’il fermaient la librairie et bibliothèque associative et libertaire La Plume noire. Cet énième épisode de violence de la part de l’extrême droite nous rappelle que ceux-ci sévissent dès que nous baissons la garde.
Parmi les mémorialistes de la Commune, Gustave Lefrançais (1826-1901) fut de ceux qui ont tiré de l’événement un enseignement révolutionnaire allant dans un sens fédéraliste et autogestionnaire.
Un an et demi après la création de l’UCL, sa commission internationale dresse un premier bilan d’activité, qui s’est accélérée avec la pandémie de Covid-19 et la crise économique mondiale qui rendent cruciale une analyse et une riposte globales.
Le conflit israélo-palestinien est une guerre coloniale, opposant un État impérialiste à un peuple spolié. Croire que, d’un côté comme de l’autre, les motivations religieuses ou les intérêts économiques y sont essentielles serait se leurrer. Orientation fédérale adoptée par l’UCL en juin 2020.
Si la Commune de Paris a pu être vue comme la « fille de l’Internationale », elle est aussi la « mère » de nouvelles « communes » allant de la Russie de 1917 jusqu’à Oaxaca et au Rojava.
Avec le réchauffement climatique et l’assèchement des terres, l’eau devient une ressource stratégique de plus en plus convoitée. Autour du marais poitevin, une bataille oppose depuis plusieurs années un collectif citoyen à des acteurs de l’agriculture productiviste autour d’un projet de stockage d’eau en surface.
Les ex-communards devenus anarchistes reprocheront beaucoup au conseil de la Commune d’avoir perpétué les formes anciennes du pouvoir politique : des élus certes intègres, mais dont l’action était trop déconnectée de celle des comités d’arrondissements, expression directe de l’action populaire.
S’il est bien un cinéma autant militant qu’expérimental, emblématique de la génération 68, c’est celui de Peter Watkins (avec bien sûr Chris Marker) : loin de tout réalisme, y compris « social », travaillant la forme cinématographique elle-même, ses films déploient des structures narratives complexes, où se brouillent repères d’époques et se mêlent formes et genres, notamment le documentaire et la fiction.
La majorité jacobine à la Commune ne voulant pas toucher à la propriété privée, elle répondit, au coup par coup à des « urgences sociales », mais sans vision socialiste globale.
On sait que la Commune, dix ans avant la IIIe République, a fondé l’école publique, laïque et gratuite. On connaît moins le programme pédagogique qu’elle se promettait d’y insuffler, qui abolissait la hiérarchie entre travail intellectuel et travail manuel.
Serge Kibal, auteur d’un mémoire d’histoire intitulé « Le type du Versaillais à travers la presse de la Commune », explore, pour Alternative libertaire, la place des femmes dans la Commune, celle que leur accordait une révolution encore limitée par son époque, et celle qu’elles ont su prendre.
Pourquoi les communards n’ont-ils pas triomphé ? On évoque souvent leur manque d’audace offensive (il aurait fallu marcher sur Versailles) et leur manque de discipline. La première explication est inexacte, la seconde insuffisante. C’est avant tout l’isolement de Paris, du fait de l’échec révolutionnaire en province, qui a condamné la Commune. L’anachronisme d’une défense barricadière, quartier par quartier, a fait le reste.
Délaissant la plume pour la baïonnette, les révolutionnaires se sont fait élire officiers dans les bataillons populaires de cette « armée citoyenne » sans laquelle la Commune n’aurait sans doute pas eu lieu.
Le mouvement communaliste n’a pas touché que Paris. La chute de l’Empire a provoqué deux vagues révolutionnaires : à l’automne 1870, Lyon et Marseille sont en avance sur la capitale, au printemps 1871, c’est l’inverse. Mais Narbonne ou Saint-Étienne ont aussi proclamé la Commune. Des soulèvements éphémères, qui n’ont pas secouru Paris face à Versailles.
Témoignages, travaux d’historiens ou œuvres créatives, les ouvrages inspirés de la Commune de 1871 sont nombreux. Petite sélection pour entrer dans le sujet.