Expulsion à la CHNI : Déni d’accord




Depuis octobre 2010, des grévistes sans papier occupaient la Cité nationale de l’histoire de l’immigration. En dépité des accords établis, les travailleurs ont été expulsés – alors même que plusieurs milliers de dossiers de régularisation ont été déposés, pour la seule région Île-de-France.

Vendredi 28 janvier au matin, les portes de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration (CNHI) sont restées fermées. Fermées au public, mais aussi aux grévistes qui s’y rendaient, comme chaque jour. L’accord signé entre la direction de la Cité et la CGT, permettant de maintenir un lieu de rassemblement et d’information pour les travailleurs sans papiers, a été rompu unilatéralement après plus de trois mois d’occupation et un rapport de forces faiblissant.

Fusibles et hypocrisie

Pourtant, la lutte continue car les 6 804 grévistes sont loin d’être tous régularisés. Sous la pression de la grève, le gouvernement, forcé d’adopter des textes assouplissant la régularisation des travailleurs sans papiers [1] n’a aucunement l’intention de les appliquer. Il en est de même pour les accords oraux ou écrits arrachés il y a trois mois... Pour preuve, les traitements défavorables et disparates des demandes des grévistes selon la préfecture concernée. Toute liberté semble être laissée aux préfets pour bloquer les régularisations. Face à la dénonciation de ces réalités, la direction de l’Immigration, rattachée au ministère de l’Intérieur, joue son rôle de fusible, ou de tampon, c’est selon, et fait le dos rond.

Le 6 janvier, la réunion du groupe de travail de suivi de la procédure de l’addendum au guide des bonnes pratiques, prévue dans le texte même, réunissant la direction de l’immigration et les organisations syndicales des Onze [2], si elle s’est bien tenue, n’a donné lieu qu’à un échange sur les seuls grévistes. L’administration s’est déclarée dans l’incapacité de produire les chiffres nationaux de régularisation de travailleurs non grévistes, alors qu’il y en a eu. Mais c’est promis, pour la prochaine réunion le 23 mars, ils seront communiqués ! Ouf, on est rassuré... À cette même rencontre se jouera aussi la prolongation de l’application de l’addendum qui, normalement, prend fin le 31 mars.

Des alliances improbables

Sur plus de 4 000 demandes de régularisation de grévistes déposées, majoritairement en Île-de-France, un peu plus d’un millier de récépissés ou de cartes de séjour ont été délivrés. Les mobilisations, rassemblements et autres occupations de locaux (de la main d’œuvre étrangère, par exemple), continuent donc préfecture par la préfecture. Les organisations patronales sont aussi interpellées (encore une fois pourrait-on dire), tel le Prisme (professionnels de l’interim, services et métiers de l’emploi) ou le Synhorcat (hôtellerie et restauration), et interviennent en faveur des régularisations. Eux aussi sont concernés et risquent de subir les conséquences de la non régularisation des salariés pour lesquels ils ont rempli le contrat de travail Cerfa idoine et qui ont repris leur emploi en attendant la délivrance du titre de séjour.

Si la situation sociale n’était pas si dramatique, Sarkozy pourrait nous faire rire. Il a réussi à fâcher les juges et à les faire défiler – excusez du peu – avec le soutien de quelques syndicats de police : du jamais vu ! Il a aussi réussi à réunir des organisations syndicales ouvrières et quelques organisations patronales pour régulariser la situation de ceux que l’on appelait, il y a peu, des clandestins. Il aurait tort de s’arrêter en si bon chemin, ce garçon... On attend patiemment la suite !

Chloé (AL 93)

[1Voir AL de janvier 2011 et précédents.

[2Les onze associations et organisations syndicales qui ont soutenu les différents mouvements de régularisation de grévistes sans papiers (CGT, FSU, Solidaires, Ligue des droits de l’homme, Cimade, Autremonde, RESF, Femmes égalité, Droits devant).

 
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