CHU de Caen : Blouses blanches et colères noires




Depuis plusieurs semaines, le personnel du pôle de santé mentale du Centre hospitalier universitaire de Caen est en lutte. Au-delà du maintien des emplois et des conditions de travail des personnels de l’hôpital, il s’agit aussi de se mobiliser pour conserver de ce qui reste du service public.

Depuis janvier, les salarié-e-s du Centre hospitalier universitaire de Caen (CHU) luttent contre la suppression annoncée de 3,7 postes d’aides soignants et 1 poste d’infirmier dans les services de psychiatrie et d’addictologie. Malgré les multiples rencontres entre l’intersyndicale (CGT - CFDT - FO - SUD) et la direction, cette dernière persiste à ignorer les revendications du personnel pour maintenir un effectif suffisant. En 2010, plus de 360 postes ont déjà été supprimés ! Mais le directeur général de l’hôpital se veut rassurant : « Cet établissement est sur la voie du rétablissement » (sic !), rajoutant toutefois un cruel « mais la route est encore longue ». Ce furent ses mots, le 12 janvier dernier, lors de la présentation des vœux au personnel. En réponse, une quarantaine d’agents, motivés et combatifs, se sont invités à la cérémonie avec banderoles et slogans, bien décidés à perturber ces festivités et à défendre leurs intérêts et ceux des patients, dans cette entreprise de démantèlement du service public de soins.

Harcèlement du personnel

De fait, cette mobilisation s’inscrit dans un cadre plus large de revendications portant sur les multiples dysfonctionnements présents dans tous les services, directement imputables à une réorganisation du travail générant une dégradation constante des conditions de travail. Le personnel dénonce ainsi la réduction du temps passé par le personnel soignant auprès des patients au profit de tâches administratives et de contrôle social. Par ailleurs les soignantes et les soignants dénoncent les pratiques inadmissibles de leurs cadres : appels téléphoniques menaçants à leur domicile pour des changements d’horaires ou de jours de repos, suppressions de récupérations pour cause d’absence ou autre… Après de multiples rencontres et devant l’immobilisme de la direction, cette lutte s’est encore durcie le 17 février.

Gestion capitaliste de la santé

Les salarié-e-s en résistance contre cette politique libérale et mortifère ont décidé de rendre encore plus visible leur combat en organisant un barrage filtrant sur le périphérique de Caen, occasionnant d’importants bouchons. Le même jour, d’autres manifestants occupaient le plateau hospitalier afin de distribuer aux patients et visiteurs des tracts sur la situation sociale au CHU avant d’envahir les bâtiments de l’administration.

Gageons que ce type de mobilisation continuera face à la gestion capitaliste de la santé publique. Introduits depuis 2009 dans le cadre de la « nouvelle gouvernance hospitalière », la tarification à l’activité (T2A) et les contrats d’objectifs de moyens (COM) pilotées par les nouvelles agences régionales de santé (ARS) imposent aujourd’hui aux hôpitaux une logique du « résultat » et de la « performance » au détriment d’une logique du soin. Contre la casse des services publics opérée par l’État et les capitalistes par le biais de la compétition, y compris entre différents services d’un même établissement, et la gestion managériale, contre ces attaques directes et brutales visant à terme la disparition d’un service public de soin accessible à tous, la lutte s’impose.

David (AL Paris Nord-Est)

 
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