Classiques de la subversion : Doblin, « Novembre 1918, une révolution allemande, tome 1 : Bourgeois et soldats »




Le classique de la subversion de ce mois ci est un roman de littérature allemande : Bourgeois et Soldats de Alfred Doblin. Le moment traité se situe a un moment charnière de l’histoire allemande et mondiale : le moment qui suit l’armistice du 11 novembre 1918 et qui conclut la première guerre mondiale, du moins sur le front de l’Ouest. Cet ouvrage, premier volume d’une tétralogie sur le sujet, met en scène les acteurs de cette révolution. La narration commence en Alsace, où – chose que l’on ignore souvent – des conseils de soldats se sont organisés, a l’instar d’autre régions de l’Allemagne Wilheminienne. L’ouvrage sera par ailleurs interdit dans la zone d’occupation française en Allemagne après la Seconde Guerre mondiale, car celui-ci rappelait un passe gênant pour l’historiographie républicaine française.

Cet ouvrage est particulier par sa façon de narrer la révolution. Au lieu de décrire l’épicentre de la révolution comme a pu le faire un ouvrage comme Les 10 jours qui ébranlèrent le monde, de John Reed, avec des réunions de soviets exaltées et des mouvements de foule, l’ouvrage s’attache a saisir la révolution allemande au travers du vécu de ses participants anonymes : soldat, bonnes... Ainsi, ce seront plutôt les réactions des individus au grand changement social qu’est ce processus révolutionnaire en devenir qui seront mises en avant. Cet ouvrage semble corroborer dans ses descriptions la citation de Lénine qui dit que « s’il y a une pelouse interdite entre la révolution et la classe ouvrière allemande, les ouvriers allemands ne préféreront pas la traverser », critiquant ainsi le légalisme de la classe ouvrière allemande. Dans le roman, les protagonistes, même ceux se positionnant en tant que revolutionnaires, semblent timorés, gênés aux entournures, par les changements revolutionnaires.

Pour l’auteur c’est l’âme allemande qui fait en sorte que les efforts des révolutionnaires sont voués a l’échec. Peut-on avancer qu’une telle chose que l’âme d’un peuple existe ? Mais explorer les causes de l’échec d’une révolution est toujours une démarche pertinente. De plus cet ouvrage est particulièrement intéressant car il nous plonge dans la subjectivité d’une révolution, qui, si elle avait réussi, aurait pu changer le cours de l’histoire.

Matthijs (AL Montpellier)

 
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