Communiqué UCL

Référendum en Kanaky : fausse victoire mais vrai désaveu du colonialisme français




Le 11 décembre avait lieu la 3e consultation de la fin de l’accord de Nouméa ouvrant la voie à une possible indépendance de la Kanaky. Nous rappelons que la Kanaky est encore, dans les faits, une colonie dont l’État français profite à des fins économiques (le Nickel notamment) et géo-stratégique (maintien de l’influence française, en particulier militaire, dans le pacifique) et dont les décisions régaliennes sont prise en métropole. Les habitantes Kanaks subissent encore de fortes discriminations sociales et raciales et revendiquent depuis toujours leur indépendance.

Après des décennies de luttes acharnées (avec ses épisodes sanglants) les accords de Matignon (1988) puis de Nouméa (1998) étaient sensés acter un processus de décolonisation sur 20 ans aboutissant à une série de 3 consultations sur l’avenir de la Kanaky quant à sa pleine souveraineté. Malgré la stratégie de « colonie de peuplement » de la France (stratégie de mise en minorité des populations Kanaks), les deux consultations précédentes avaient vu le camp indépendantiste se renforcer, gagnant des populations non-Kanaks et forçant le gouvernement français à sortir de la « neutralité » qu’il était sensé observer - or comment être neutre quand on est juge et parti ?

Entre temps la crise sanitaire du COVID, qui a touché en grande majorité les populations Kanaks les plus pauvres, a été le prétexte pour faire pression sur le camp indépendantiste en instrumentalisant la dépendance à l’aide sanitaire française, jouant ainsi sur la peur du « saut vers l’inconnu ». Alors que les indépendantistes appellent depuis des mois à un report de la 3e consultation, en raison du fort taux de décès et de la culture du deuil long ne permettant pas la bonne tenue de la campagne, le gouvernement Français à fait le choix intéressé de fouler du pied l’avis du camp indépendantiste et des coutumes locales en maintenant le vote. Logiquement les organisations indépendantistes ont appelés massivement à la non-participation au scrutin.

Les résultats du 3e référendum pour l’autodétermination des habitant.es de la Kanaky parlent d’eux même : 56,13 % de taux d’abstention et 96% d’une minorité ont voté pour le maintien dans le giron colonial.

Pour peu que la cartographie de ces chiffres soit regardée en face et analysée minutieusement, l’État colonial au lieu de parler d’humilité par la bouche de son président, doit se rendre à l’évidence du message d’indépendance que le peuple Kanak lui a massivement et “passivement” renvoyé.

En superposant les résultats des trois scrutins avec ceux des taux de participations, il devient clair que quand la participation augmente, comme lors du deuxième scrutin de 2020, le oui pour l’indépendance augmente significativement. A l’inverse, quand la participation diminue massivement, comme pour le dernier scrutin, le maintien dans le giron colonial est fortement exprimé par la minorité participante. Ajoutant à cela le fait que le peuple Kanak ne représente aujourd’hui que 39% de la population, la volonté de libération déborde de tout bord ! L’État français est désavoué en Kanaky et plus que jamais l’impérialisme français est rejeté.

Les annonces précipités du gouvernement Macron actant la fin du processus de consultation en faveur du camp loyaliste sont hors de propos, absurdes, illégitimes et provocatrices. La lutte pour l’indépendance va logiquement continuer et l’État français portera seul la responsabilité des expressions de colère légitimes qui pourront suivre.

Nous relevons que la population directement concernée par le processus de décolonisation, et notamment les organisations kanaks, ne reconnaissent pas le résultat de ce referendum offert aux partisans de la Nouvelle-Calédonie française. L’Union communiste libertaire dénonce les manœuvres grossières, méprisantes et intéressés du gouvernement et du camp loyaliste, prêts à tout faire pour garder la Kanaky dans le giron français.

Pour nous, la solution est claire, c’est l’indépendance pour la Kanaky !

Contre l’impérialisme, pour une Kanaky libre et socialiste !

Union communiste libertaire, le 17 décembre 2021

 
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